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Un argumentaire solide et appuyé
L’auteur, professeur de science politique à l’université ne nous présente pas un de ces livres qui revisitent la laïcité pour la dénaturer et la mettre au goût du jour.
Il repose la question laïque dans le cadre de l’évolution de la situation, de l’apparition d’une nouvelle religion, la deuxième de France et de l’émergence de nouveaux positionnements.
La laïcité a toujours été une valeur et des principes portés par la gauche et plus ou moins rejetée ou cantonnée à un aspect strictement libéral par la droite.
Depuis 40 ans, les cartes sont brouillées.
On l’a vu au moment de « l’affaire » des foulards de Creil en 1989, quand Lionel Jospin a convoqué le Conseil d’Etat au lieu de s’appuyer sur l’existant et notamment les circulaires de Jean Zay de 1937.
On l’a constaté quand des courants de la gauche et notamment les « islamo-gauchistes » ont combattu la loi du 15 mars 2004 d’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans les collèges et lycées….
On l’a vu aussi de l’autre côté de l’échiquier politique, quand Marine Le Pen s’est déclarée laïque en 2011.
Comme tout le monde le sait et comme l’auteur l’explique : la « laïcité » de Madame Le Pen est à géométrie variable car elle met en avant les racines chrétiennes de la France, défend l’école privée catholique et opte pour une vision xénophobe.
En défendant la laïcité sans adjectif, qui la dénature, l’auteur rappelle que le caractère original de la laïcité se fonde sur des valeurs humaines, universalistes et républicaines.
Il dénonce avec une argumentation bien construite les déviations qui ne sont, de fait, que la négation de la laïcité, que ce soit le communautarisme ou la xénophobie.
Pour lui et je le rejoins : il y a l’espace public, c’est à dire les services publics où la laïcité s’applique, l’espace privé et l’espace civil, c’est à dire la rue, la plage …. où chacun peut exprimer ses choix et son identité religieuse ou politique .
« Ainsi, la laïcité, au sens républicain, permet-elle à chacun d’exercer effectivement sa liberté de conscience en étant protégé, par exemple , de ses coreligionnaires, alors que la laïcité libérale se réduit à un régime de tolérance qui ne donne la possibilité à chacun que de vivre à l’abri de l’interférence des autres mais pas des « siens », la puissance publique s’interdisant d’intervenir au sein de la société et donc de pouvoir limiter les éventuels effets de domination qui peuvent exister entre individus à l’intérieur de telle ou telle communauté, religieuse par exemple. »
L’auteur ne vilipende pas les chantres de la laïcité dite ouverte comme Bauberot.
Il déconstruit leurs discours et montre que leur choix ne constitue pas seulement une révision mais conduit à soutenir au moins objectivement les intégristes qui veulent renforcer leur emprise sur les filles d’origine musulmane.
Voici là un livre d’analyse accessible qu’il faut lire et garder précieusement car il constitue une mine de renseignements et d’arguments.
Jean-François Chalot.
Le CNAFAL
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Familles Laïques est la revue trimestrielle du CNAFAL. Elle est le reflet des positions du CNAFAL et s’appuie sur l’actualité.