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Laïcité - droit de l'homme

Lettre adressée aux congressistes de la Libre Pensée

De la part de Jean-Marie Bonnemayre

    Chers amis de la Libre Pensée, chers camarades,
    1789/2019 – 230 ans donc

    Chacun, dans cette Assemblée réunie en Congrès, connait la référence à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen « Nul ne doit être inquiété dans ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

    Mais on a oublié que les Etats généraux, particulièrement dans le midi de la France, avaient fait jaillir notamment dans les milieux protestants, la revendication de la « liberté de culte ». A l’Assemblée nationale, Rabaut Saint Etienne, dans le débat sur la tolérance, rectifiera l’objet du débat, en déclarant qu’il ne venait pas chercher la tolérance, mais la liberté. Dans un autre débat, Rabaut ajoute « Vous ne pouvez pas avoir un seul droit que je ne l’aie ». La notion d’égalité était née. Il est bon de rappeler cela dans le contexte social et politique que nous vivons, depuis presqu’un an. De même, il est bon de rappeler qu’en « pays laïque », il n’y a pas de reconnaissance de droits particuliers au profit de membres de telle ou telle communauté. De même, chacun a la possibilité de « réviser » ou changer ses appartenances.

    Le CNAFAL, tout comme la Libre Pensée, relie la question laïque et la question sociale. Plus que jamais, c’est d’actualité à l’heure où le macronisme subrepticement, installe petit à petit un régime libéral à l’anglo-saxonne dans tous les compartiments de notre société.

    L’Education nationale est dans l’œil du cyclone, quand on poursuit avec méthode, son affaiblissement en octroyant de moins en moins de moyens, en ayant recours massivement aux contractuels. La reproduction sociale des « élites technocratiques » qui nous gouvernent, se déroulent maintenant essentiellement dans les écoles privées confessionnelles. Il en résulte, comme le dit Pierre Vermeren (la France qui déclasse) que « pour la première fois dans l’histoire, (je cite) les classes dominantes peuvent se passer des classes populaires ».

    Il en résulte que la France est devenue la championne d’Europe du versement de dividendes à ses actionnaires.

    Aujourd’hui, en France, il faudrait en moyenne 6 générations aux enfants des 10% des français les plus pauvres, pour atteindre le revenu moyen du pays qui est déjà bas (1760 euros).

    Alors camarades, plus que jamais nous avons besoin de nous « serrer les coudes », de reprendre ensemble et avec d’autres, nos fondamentaux. Le libéralisme est la maladie mortelle de la République démocratique, laïque et sociale.

    Enfin, gardons toute notre vigilance, pour la défense stricte de la loi de 1905 et méfions-nous que, sous prétexte de préserver la liberté de culte et de mettre sur pied « d’égalité » l’islam avec les autres religions, cela n’aboutisse à de nouveaux avantages fiscaux et autres, octroyés déjà à l’Eglise catholique (droits de mutation, donations, dévolutions de biens) et que certains voudraient renforcer. Car l’offensive de Castaner du mois de décembre dernier, « cache » une manœuvre à deux temps.

    Mais je sais que nous partageons aussi cette analyse.

    Bon congrès et fraternité chaleureuse.

    Jean-Marie Bonnemayre
    Président du CNAFAL

    Le CNAFAL

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