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Les militants du Conseil Départemental de la Loire ont décidé d’écrire aux parlementaires pour leur expliquer pourquoi ils trouvent cette réforme injuste et leur demandent de ne pas l’adopter. Le CNAFAL partage ces points de vue et vous invite à lire leur courrier.
Mesdames et Messieurs les parlementaires
La réforme des retraites touche la vie des Français et conditionne leur avenir pour des décennies. Malgré le climat tendu provoqué par les mesures de cette réforme, nous souhaitons vous faire part de notre position inspirée par les valeurs intangibles de la République : liberté, égalité et fraternité, dans une approche pragmatique, de bon sens et dépourvue d’idéologies conflictuelles conduisant à une impasse.
Dans ce contexte, la réflexion du CDAFAL 42 s’articule autour de cinq points majeurs :
1. Nous posons comme principe inaliénable la retraite par répartition, adoptée en 1945 avec la mise en place de notre système de la Sécurité sociale impulsé par le Conseil National de la Résistance. La répartition met en avant la solidarité intergénérationnelle ainsi que l’universalité.
2. Le rapport du COR (septembre 2022), contrairement au gouvernement, n’est pas alarmiste quant au financement des retraites : « la trajectoire financière est maîtrisée, avec une part du PIB dédiée au financement des retraites vouée à se stabiliser puis à diminuer ».
Il propose plusieurs scénarios plus ou moins pessimistes : une prospective sur les années futures, avec un « modèle » mathématique qui prend en compte un certain nombre de variables, telles que l’évolution du taux de chômage, de la productivité, de l’inflation, de la natalité, etc…, gérées par un algorithme. Autant de facteurs qui peuvent évoluer dans un sens ou dans l’autre au fil du contexte.
C’est pourquoi le COR conclut son étude avec prudence : « Selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux soient trop ou pas assez élevés, et qu’il faut ou non mettre en œuvre une réforme du système de retraite. » Ce qui ouvre la porte à une interprétation politique des choix effectués pour le projet de réforme actuel.
3. Le gouvernement nous certifie que cette réforme est juste. 72 % de Français.es la trouvent injuste.
Nous, nous pensons qu’effectivement cette réforme est injuste, car elle pèse lourdement sur les catégories populaires, les classes moyennes et les mères de famille :
– le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans est profondément injuste, en particulier dans le cas de ceux qui, souvent non diplômés, ont commencé à travailler tôt ;
– injuste, car les femmes sont particulièrement touchées du fait des carrières hachées, souvent à temps partiel. De plus, les majorations pour enfants et d’éducation sont prises en compte, certes, dans les 43 annuités de cotisation et permettent d’atteindre plus rapidement le taux plein, mais n’offrent pas la possibilité de partir avant l’âge légal de la retraite. C’est pourquoi nous défendons l’idée que toute personne ayant validé ses 43 annuités puisse prendre sa retraite à taux plein sans être limitée par l’âge légal.
– injuste, car 4 des 10 critères permettant d’évaluer la pénibilité d’un travail pour un départ anticipé, ont été supprimés en 2018 lors du 1er mandat d’Emmanuel Macron : manutention manuelle de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques et exposition aux risques chimiques, ce qui exclut de facto du dispositif certains salariés pourtant usés par leur travail (encore des femmes notamment dans les hôpitaux).
– injuste, car si le gouvernement nous dit aussi qu’il est conscient de demander un effort aux Français, riches et pauvres ne sont pas égaux face aux contraintes de cette réforme : si les plus riches disposent d’un patrimoine et de placements leur permettant de s’affranchir de cette réforme et de partir plus tôt ce n’est pas le cas des plus pauvres.
4. La question de l’emploi des seniors n’est pas résolue et ce n’est pas la mesure de l’article 7 de la loi (départ repoussé à 64 ans) qui va résoudre le problème, surtout dans un pays où le taux d’emploi des plus de 55 ans n’est que de 56 %. Cette classe d’âge retrouve très difficilement un emploi après en être sortie. Le gouvernement prévoit la mise en place d’un index obligatoire pour les entreprises. Encore faut‑il qu’il soit accompagné d’un contrôle régulier et de sanctions s’il y a manquement. A contrario, si les seniors restent en emploi plus longtemps, ils libèrent des postes plus tard, ce qui ne laisse pas de place pour les jeunes qui sont en recherche d’emploi et pourraient rentrer dans l’entreprise.
5. Quant au financement, le gouvernement exige des efforts des seuls salariés et refuse de recourir à des financements extérieurs. Pourtant, il existe plusieurs pistes pour équilibrer le budget des retraites : faire respecter l’égalité des salaires hommes-femmes, ce qui générerait 5,5 milliards € (étude de la DIRECCTE des Hauts de France). De même, réduire le nombre et le coût des niches fiscales (90 milliards d’euros pour 2023) pour renforcer la progressivité de l’impôt et dégager des ressources, ou encore reconsidérer les exonérations de cotisations patronales en tous genres sont d’autres exemples.
Le financement des retraites dépend fortement d’un environnement économique plus élargi (politique fiscale et budgétaire) nécessitant une redistribution plus juste des richesses qui relève d’une pure volonté politique de trouver des solutions.
Comme les 72% de nos concitoyennes et concitoyens, nous pensons que cette réforme engage leur avenir très négativement, sans apporter les preuves de sa nécessité, ni mieux sauvegarder leur avenir. Vous l’avez compris, nous sommes contre le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Car l’enjeu est national. Un projet qui voudrait améliorer la durabilité d’un système doit respecter les principes fondateurs de notre République et de la déclaration des droits de l’homme, dont l’égalité et la solidarité. S’il engage les pauvres et la classe moyenne, il doit aussi engager les plus riches.
Cette réforme majeure exige un véritable débat suffisamment long pour faire sortir toutes les expressions et permette de la mettre à la hauteur des enjeux que le gouvernement prétend indispensable. Et elle mérite de la part des parlementaires, non pas une bataille rangée où les affrontements idéologiques et haineux sont destructeurs quant à l’image renvoyée à nos concitoyens, mais au contraire des débats constructifs et responsables.
En tant que parlementaire vous nous représentez au sein de l’Assemblée nationale ou du Sénat. La société a changé, la démocratie représentative est en fin de vie, boostée par un présidentialisme de plus en plus récusé. Aujourd’hui, les Français veulent une démocratie participative (il faut tirer les leçons de l’épisode des gilets jaunes) et nous comptons tous sur des parlementaires responsables et dignes qui respectent et défendent les intérêts du peuple. Les 67 % de Français qui refusent le projet de la réforme des retraites, et notamment le report à 64 ans, doivent être non seulement écoutés mais entendus. La confiance en nos élus est à ce prix.
C’est pourquoi nous vous demandons de répondre favorablement à cet appel très majoritaire de nos concitoyens et d’en tenir compte pour revoir le projet de loi, pour l’unité du pays et rassembler les Français et non les diviser.
Nous vous prions d’agréer, Mesdames et Messieurs les parlementaires, l’expression de notre considération distinguée.
Le Conseil d’administration du Conseil Départemental des Associations Familiales Laïques de la Loire,
Julien Léonard – Président du CNAFAL.
Le CNAFAL
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