Le site du Conseil National des Associations Familiales laïques (CNAFAL), association agréée d'aide aux consommateursNous connaitre
Vous avez dit séparatisme - Nous laïques, répondons laïcité, un point c'est tout
Celui qui déchire la République prétend maintenant la raccommoder, après avoir refoulé avec mépris, le plan Borloo, alors que ce dernier, en tant que Ministre à la Ville, avait fait ses preuves entre 2002 et 2004, en donnant un véritable élan et en remobilisant les énergies pour réduire les zones d’exclusion. L’ANRU date de cette époque-là et elle avait des moyens ! Cela dit, il n’est pas le seul responsable de cet abandon, qui a débuté il y a 15 ans et au-delà.
Depuis l’avènement d’Emmanuel Macron, en qualité de Président, le social a été « bazardé », réduit à la portion congrue, austérité budgétaire oblige. Politique de la ville vidée de sa substance, le budget du logement social est devenu, sans vergogne, une variable d’ajustement du déficit budgétaire, la prévention sociale réduite aux acquêts. Dès lors, la misère se concentre dans les quartiers, dits sociaux. L’accueil des migrants a été délaissé. Où en sont les CAI (Contrat Accueil Intégration) et les CAIF (Contrat Accueil Intégration Famille) ? En résumé, l’abandon de réelles politiques publiques a amplifié « la ghettoïsation » des quartiers populaires. Il n’y a de séparatisme, que social, même s’il faut évaluer et combattre l’islamisme radical, sans faiblesse, qui prend racine dans ces quartiers.
Mais il n’y a pas que l’Islam politique ou bien c’est l’Islam qui est politique. Comme toutes les théocraties ? Pourquoi ne pas parler aussi des évangélistes ? (a-t-on oublié le cluster de Mulhouse ?). Or, ils sont aussi séparatistes : ils construisent leurs propres écoles, leurs propres temples se regroupent par quartiers, ils mutualisent leur entraide sociale, tout comme certains musulmans !
Pour en finir avec la ghettoïsation, qu’attend-on pour réformer les politiques d’attribution qui sont sous la coupe d’élus pratiquant massivement le clientélisme. Qui « manage » les politiques de peuplement, sinon les maires et autres élus ?
La mixité sociale est une construction qui doit être solidaire, équilibrée, suivie sur le long terme en « greffon » de l’accompagnement du social, de la formation professionnelle, de l’éducation, de la prévention de la délinquance. La mobilité sociale ne doit pas être réservée qu’aux riches. Elle doit, par des politiques volontaristes, s’appliquer avec soin, doigté, intelligence sociale.
Depuis 1998, la République a abandonné toute ambition pour l’école, que l’on a laissé se dégrader : à commencer par la suppression des écoles normales, les concours tels que les IPES, etc. La déscolarisation s’effectue aux deux bouts de la chaîne : les enfants de riches sont dans les écoles de riches, voie royale des futurs dirigeants libéraux qui nous gouvernent. Les enfants des quartiers de relégation sociale se déscolarisent tout seuls, quand ils voient leurs grands frères « tenir les murs », comme on dit !
L’école de la République, l’enseignement public a été maltraité, depuis 30 ans. Là aussi, il y a du séparatisme, l’école privée a été sournoisement encouragée, aidée ; le dernier cadeau, c’est la scolarisation dès l’âge de 3 ans (en soi, ce n’est pas une mauvaise chose), concédée, de fait, à l’enseignement privé catholique, avec en prime des milliards d’euros…
La République ne donne plus d’avenir aux jeunes, plus d’espoir d’insertion. Le chômage des jeunes est massif et pour beaucoup consécutif à l’échec scolaire, dû à l’affaissement de l’école publique. Certes, le dédoublement des classes, les « devoirs faits » ont été mis en place, mais ne sont pas systématiques.
L’éducation populaire et ses acteurs associatifs sont mis à « l’encan » depuis 2 décennies et le bénévolat a ses limites. Compte tenu des handicaps cumulés, des retards pris, il y a besoin de volonté, de technicité, de moyens, pour accroître le professionnalisme des associations, compte tenu de l’affaiblissement des services publics. La charité ne remplacera jamais la solidarité.
Quant aux fonctions régaliennes de l’Etat républicain, elles ont été systématiquement affaiblies. Justice et police sont les parents pauvres, depuis plusieurs décennies. La police de proximité, qui permettait un vrai partenariat avec les acteurs de quartiers, a été renvoyée sèchement dans ses locaux par Sarkozy.
Reste la question fondamentale, de la place des religions dans la République. Le CNAFAL a toujours dit que la loi de 1905, se suffisait à elle-même ! Mais allons au bout de la réflexion politique.
a) La République a le droit de se défendre, le droit de défendre des valeurs qui la constituent, que ce soit contre les influences étrangères, quelles qu’elles soient, ou les menées subversives intérieures.
Trop longtemps, la République a délégué aux consulats de pays étrangers « la surveillance » de ses ressortissants. Sauf que depuis plusieurs décennies, ils ont fait « souche » et leurs enfants et petits-enfants, ne se reconnaissent pas dans cette « tutelle ».
b) La France, depuis 2 siècles, est une terre d’immigrants. Elle s’est constituée avec plusieurs strates de différentes origines. Ce qui a fait la France, depuis 1789, c’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
L’adhésion à la République et à la citoyenneté française, s’est effectuée sur ces bases-là. Peu importe l’origine et la couleur de peau des citoyens (es). D’ailleurs, dès 1791, la constitution proclame que « sont citoyens français, ceux qui, nés en France d’un père étranger, y ont fixé leur résidence ».
A la vérité, le racisme se nourrit profondément de toutes les inégalités sociales. C’est le séparatisme social, qui induit le séparatisme tout court.
c) Il faut réaffirmer que la République, telle que nous la concevons, est quelque chose de plus que le simple vivre ensemble de citoyens égaux devant la loi.
Il y a d’abord une histoire commune, une construction depuis 2 siècles, en continu jusqu’à l’égalité homme/femme, qui est toute récente. Encore faut-il enseigner cette histoire-là !
La laïcité française, est un principe actif et protecteur (presque au sens médical du terme). En effet, elle est protectrice de l’autonomie individuelle contre les « pressions » du clan, du groupe religieux, de la famille ! C’est le droit de croire ou de ne pas croire. En ce sens, elle est protectrice de la liberté individuelle ; on ne peut pas m’imposer une tenue particulière, au nom de la religion.
d) Pour garantir la paix civile, il faut défendre les espaces publics par la laïcité.
Le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, le droit à la liberté d’expression sont gravés dans nos textes fondamentaux. De même, depuis 1789 et la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». Or, en France, l’ordre républicain est bien séparé du religieux.
De là, il en résulte le droit légitime de disposer de lieux de cultes ouverts aux fidèles, le droit de rassemblement, de procession ou de pèlerinage. Mais ce droit ne signifie pas le droit de manifester son appartenance religieuse, dans tout lieu public, en particulier les lieux où la laïcité est préservée par définition que sont les services publics et l’école qui assure une mission spécifique qui est de « mettre à l’abri » les enfants de tout conditionnement quel qu’il soit : religieux, politique, philosophique.
Tout enfant a droit à une éducation laïque, c’est-à-dire autant que possible, dégagée des conditionnements familiaux, sociétaux, religieux, politiques, dégagée des dogmatismes et des cléricalismes, quels qu’ils soient. La meilleure éducation possible est celle qui permet à l’enfant d’oser un regard critique sur soi, son histoire, sa vie, son environnement, lui permettant ainsi de construire sa propre personnalité, son propre jugement, donc sa propre liberté. Il doit avoir accès à tous les champs du savoir sans restriction, avec l’apport qu’amène la Raison.
Le lieu de neutralité laïque et notamment l’école à tous ses degrés, est le lieu par excellence où chacun quelle que soit son origine sociale, religieuse, culturelle ou ethnique, reçoit à égalité, sans apriori et à part entière, reçoit l’indispensable instruction qui permet de vivre la plénitude des droits de la citoyenneté offerts par la loi. C’est cet espace ainsi créé, qui permet à chacun en adhérant aux valeurs de la République, de transcender, de dépasser les marques parfois trop prégnantes de son milieu d’origine, pour rejoindre tous ses autres concitoyens dans un élan fraternel vers l’universel. La laïcité crée les conditions de la solidarité, de la fraternité et de la concorde entre les hommes et les femmes.
Dans la cité commune, la loi commune laisse chacun libre de définir son éthique de vie et de choisir sa demande et sa démarche spirituelle. Cet idéal prend sens et valeur non, en niant les particularismes, comme certains feignent de le croire, mais en récusant leur dimension exclusive. De ce point de vue, seule la voie laïque d’intégration est à nos yeux possible, car elle crée la « disponibilité d’accueil » en s’adressant à l’humanité des hommes. Cela a des exigences. En effet, tout n’est pas compatible dans les normes et les usages qui précèdent des civilisations particulières ou des cultures au sens ethnique du terme.
Le droit de l’individu prime sur celui que l’on serait tenté de reconnaître à la communauté à laquelle il est sensé appartenir.
L’universel est dépassement des particularismes.
Le rêve clérical d’une relativisation de la loi de 1905, conduit aujourd’hui à instrumentaliser la référence à l’islam pour demander une révision du dispositif laïque, voire négocier une espèce de concordat.
Cette attitude est d’ailleurs encouragée régulièrement, par certains responsables des autres cultes intéressés à contourner les exigences de la laïcité, opportunément qualifiées d’archaïques ou de trop rigides.
La signification du concept de laïcité, pour les musulmans, est la source de malentendus persistants, parce qu’il est souvent présenté, à tort, comme un héritage naturel de la civilisation occidentale. C’est oublier que de grands penseurs musulmans ont réfléchi sur les rapports du pouvoir et de la religion (Averroes et d’autres moins connus, comme Soheib Bencheikh aujourd’hui). C’est oublier que la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en France, a été un combat de plusieurs siècles et rien ne laissait présager que la religion chrétienne était réductible à la laïcité. En fait, la laïcité s’est affirmée à bien des égards, contre les traits d’une culture marquée par la religion chrétienne et l’absolutisme de droit divin.
Aujourd’hui, il est vain de s’interroger encore sur la capacité du culte musulman, à s’intégrer dans notre société ou sur la prétendue nécessitée de « façonner » une laïcité sur mesure, pour faciliter son intégration ; même si de nombreux problèmes demeurent, cette capacité d’intégration des musulmans et de l’islam s’affirme chaque jour davantage. Devenu le second culte, pratiqué en France, le culte musulman est un fait établi de la société française.
L’important, c’est qu’aucun privilège juridique ne soit reconnu aux religions et si des privilèges demeurent, fruits de l’Histoire, ce n’est pas en les étendant à l’islam, mais en les supprimant, qu’on rétablira une véritable égalité.
Inciter l’Etat à financer des constructions de mosquées, inciter l’école publique à faire droit aux manifestations religieuses, voire à enseigner les religions, c’est réintroduire indirectement, le régime des cultes reconnus, dont bénéficieraient à nouveau les religions traditionnelles et ensuite les « nouvelles religions », dont certaines sont officiellement qualifiées de sectes. Le financement des cultes appartient aux religions. Nul besoin de leur accorder le droit d’exploiter des immeubles de rapport !
Les collectivités locales et les élus ont un grand rôle à jouer dans cette reconnaissance, dans le cadre des lois républicaines ; ils doivent répondre, sans discrimination, à la demande d’implantation de lieux de culte, assurant la dignité et la sécurité des fidèles, à la création de carrés musulmans dans les cimetières, pour répondre à la symbolique hautement intégrante de la demande de sépulture dans le pays d’accueil, le développement de services d’aumônerie dans les différentes situations où ils sont requis ou encore l’organisation, dans des conditions satisfaisantes d’hygiène du sacrifice rituel de l’Aïd el-Kebir.
Tout mouvement laïque doit avoir une vision claire des rapports de la laïcité et de l’islam. On n’a d’ailleurs jamais autant parlé et écrit sur la laïcité, depuis que la présence de pratiquants de cette religion, s’est enracinée dans le sol français. Certains se sont même brusquement souvenus que la laïcité existait uniquement, à cause de l’irruption de l’islam sur la scène sociale et politique.
Car des entorses diverses ou des menaces, sont toujours présentes. D’aucuns jugent habile d’accepter le terme de laïcité, mais à condition d’en redéfinir le contenu.
Ils ont d’abord inventé la notion polémique de laïcité ouverte ou plurielle, ce qui revient à insinuer que la laïcité est fermée. En réalité, la laïcité n’a pas à s’ouvrir. Elle est, par définition, l’ouverture de la conscience à sa propre liberté, à son autonomie par une culture affranchie autant que possible, de toute tutelle.
D’autres encore l’assimilent à la liberté religieuse. Or, ce que protège la loi de 1905, c’est la liberté de conscience, dont celle de choisir sa religion ou de ne pas en avoir. La liberté n’est pas religieuse dans son essence, la religion n’est que l’un des choix ouverts à la conscience, l’athéisme en est un autre, l’agnosticisme un troisième et le spiritisme laïque, un quatrième.
Le CNAFAL, considère qu’un catalogue de bonnes intentions ne saurait suffire à résoudre le problème sur le fond, surtout si on n’y met pas les moyens :
Jean-Marie Bonnemayre,
Président,
06 23 82 80 22.
Le CNAFAL
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Familles Laïques est la revue trimestrielle du CNAFAL. Elle est le reflet des positions du CNAFAL et s’appuie sur l’actualité.