Familles Laïques

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Laïcité - droit de l'homme

Les bonnes raisons d’être laïque

    1. La racine étymologique grecque du mot laïque c’est le « Laos », le peuple. Le peuple comme sujet de l’histoire, comme acteurcomme souverain au sens des Lumières. La grande cassure inaugurée par la révolution française c’est que le pouvoir ne procède pas de la puissance divine ; le monarque n’est pas divin et le pouvoir procède exclusivement de la loi qui est faite par les mandants du peuple, élus par tous et révocables.

    2. Héritage des Lumières, la laïcité est un concept philosophique qui assure la liberté de conscience en même temps que la liberté d’expression et la liberté de penser.

    3. Pour un laïque, il n’y a pas de vérité éternelle et encore moins de vérité révélée. La vérité est toujours une construction provisoire ; elle est recherche permanente en s’aidant de la raison critique et du doute méthodique ; c’est la méthode pratiquée par tous les scientifiques. Le laïque ne délègue à personne le soin de penser à sa place, et il œuvre pour que ce droit soit respecté chez autrui ! et par autrui.

    4. La laïcité en France n’est pas une extravagance de l’histoire, ou un accident de l’histoire, comme on essaie de nous le faire croire depuis 2007.Au contraire, face à tous les usurpateurs et les falsificateurs de la laïcité, elle est le socle de notre vivre ensemble, de la paix sociale. Plus le libéralisme et ses porte parole politiques créent des tensions sociales et des inégalités, détruisent l’Etat républicain et la solidarité nationale, plus ils ont besoin de réactiver la religion pour la rendre opératoire dans la régulation sociale. Plus la solidarité recule, plus le caritatif articulé sur les différentes confessions, se développe avec le soutien actif du mécénat et des fondations d’entreprises du CAC 40. La boucle est bouclée.

    5. La laïcité, partant de ce constat, s’oppose à tous les dogmatismes, à toutes les cléricatures quelles qu’elles soient. Aucune école de pensée, dans quelque domaine que ce soit, ne peut dominer sans partage ; si elle domine, c’est qu’elle est devenue une religion. C’est ainsi que l’interprétation léniniste de Marx a conduit au totalitarisme. Tout comme l’école libérale de Chicago a favorisé les dictatures d’Amérique Latine.

    6. Le savoir doit être partagé, ainsi que l’éducation permanente, car ils sont l’antidote à la pensée unique. C’est ainsi que se fabrique une république de citoyens. La révolution française en détruisant l’ancienne société qui cloisonnait les hommes et les femmes en communautés, en ordres immuables et en corporations, a libéré l’individu et lui a rendu la primauté de ses droits. C’est pourquoi la République ne connaît que des citoyens libres et égaux en droits, quels que soient leurs origines, leur histoire, leur généalogie, leur identité, leur religion, ou leur absence de religion, leurs choix philosophiques, politiques.

    7. C’est pourquoi seule la laïcité garantit les libertés publiques, les libertés individuelles et collectives, dont celle de pratiquer une religion ou de n’en pratiquer aucune.

    8. C’est pourquoi aussi le CNAFAL réaffirme le fait que l’enfant a droit à une éducation laïque, c’est-à-dire dégagée de tous les préjugés, idées préconçues, de tous les déterminismes sociaux, culturels, familiaux, économiques, politiques ou religieux. La laïcité vise à libérer l’enfant de tout ce qui aliène ou pervertit la pensée. Le corolaire de tout cela c’est que l’enfant, « petit humain » en devenir, s’appartient d’abord à lui-même.

    9. Dès lors, la laïcité vise dans ce contexte à donner les moyens à l’homme d’acquérir une réelle, sinon totale, lucidité et une pleine responsabilité de ses pensées et de ses actes, et ainsi maîtriser sa destinée. La démarche laïque c’est plus de liberté pour l’individu, ou en langage moderne, pour parler comme Marcel Gauchet, c’est « l’autonomie de l’individu ».

    10. Mais pour le CNAFAL, nul ne peut être libre aux côtés d’opprimés. La liberté de conscience, la liberté de penser, la liberté d’expression et le droit de les utiliser, sont conditionnés par l’environnement politique, économique, social. La démarche laïque vise à libérer l’individu de ces facteurs oppressifs, lorsque l’environnement les véhicule même à son propre insu. C’est ce qu’on appelle l’émancipation sociale.

    11. La volonté d’élargir les libertés de l’individu s’oppose à l’individualisme, donc au libéralisme. L’histoire le montre sous des formes diverses, le fort opprime le faible. La demande laïque n’est ni paternaliste, ni caritative, ni assistancielle ; l’individu doit se prendre en charge ; la démarche laïque consiste donc à faciliter et soutenir l’expression directe des plus faibles, à les accompagner dans leur démarche de libération. Les laïques sont des pédagogues et des éducateurs !

    12. C’est la raison pour laquelle il faut restaurer un grand service public, laïque, obligatoire de l’éducation. L’école républicaine est le lieu par excellence de la neutralité laïque, parce que quelle que soit son origine sociale, religieuse, culturelle ou ethnique reçoit à égalité sans a priori et à part entière, et dispense seule l’instruction qui permet de vivre la plénitude des droits de la citoyenneté offerts par la loi. C’est cet espace, en principe sanctuarisé, qui permet à chacun en adhérant aux valeurs de la République de transcender, de dépasser les marques parfois trop prégnantes de son milieu d’origine pour rejoindre tous ses autres concitoyens dans un élan fraternel vers l’universelLa laïcité crée les conditions de la solidarité, de la fraternité et de la concorde entre les hommes et les femmes.

    13. La laïcité est le seul principe politique qui permet de vivre en société pacifiquement, tout en faisant la promotion de la liberté individuelle ; elle est essentielle dans la construction de l’harmonie sociale, et pour le renforcement du civisme démocratique. Dès lors, la laïcité bannit toute exploitation ou conditionnement de l’homme par l’homme, tout esprit de fanatisme, de haine, de violence. Le refus du racisme et de toute ségrégation est inséparable de l’idéal laïque.

    14. C’est pourquoi le CNAFAL n’accepte pas l’instrumentalisation de la laïcité à des fins xénophobes et racistes, qui a cours depuis 1993 et s’est particulièrement accentuée au cours des dernières années. Cela vise tout à la fois à délégitimer la République, ou même, à aménager la loi de 1905 pour y substituer la notion de liberté religieuse et ainsi obtenir le droit à un financement des religions, ce qui voudrait dire un retour au Concordat.

    15. Il est vain de s’interroger encore sur la capacité du culte musulman à s’intégrer dans notre société, ou sur la prétendue nécessité de « façonner » une laïcité sur mesure pour faciliter leur intégration. Or, précisément cette capacité d’intégration des musulmans et de l’Islam s’affirme chaque jour davantage (voir notre document « Islam et laïcité – Le faux débat »), et la France est le premier pays d’Europe en matière d’intégration réussie de population étrangère.Un sondage réalisé en 2006 par le Pew Research Center (USA) en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Espagne pour savoir si les musulmans vivent d’abord comme citoyens du pays où ils vivent, ou bien comme des musulmans, c’est la France qui obtient les meilleurs « scores d’intégration ». En Grande-Bretagne 81% des réponses indiquent qu’ils se voient d’abord comme des musulmans, pour seulement 46% en France. Les « musulmans français » sont 42% à s’estimer d’abord citoyens français, contre 13% des citoyens allemands et 3% des citoyens espagnols.Quand on pose la question aux musulmans pour savoir s’ils souhaitent adopter les coutumes et les modes de vie du pays d’accueil, les musulmans français répondent oui à 78%, contre 30% de musulmans espagnols et 41% de musulmans britanniques. Tout cela est largement corroboré par l’étude du CEVPOF, centre de recherches publiques de Sciences PO Paris, parue en 2006 qui s’intitule « Français comme les autres », dont nous avons fait état dans notre document de mai 2011 (Islam et Laïcité – Le faux débat).

    16. Inciter l’Etat à financer les constructions de mosquées, d’églises ou de temples, inciter l’école publique à faire droit aux manifestations religieuses, voire à enseigner les religions, c’est réintroduire indirectement le régime des cultes reconnus, dont bénéficieraient les religions traditionnelles, et ensuite les « nouvelles religions » dont certaines d’ailleurs ont été qualifiées de « sectes » dans des rapports officiels. Le CNAFAL réclame l’abolition du Concordat en Alsace-Lorraine et en Guyane.

    17. Protéger l’espace laïque qu’aurait dû rester l’école, c’est aussi refuser l’intrusion des rapports marchands et de la publicité dans l’école avec des grandes marques qui patronnent de plus en plus des opérations qualifiées de pédagogiques. C’est aussi veiller à ce que toutes les thèses en présence, soient enseignées dans certaines matières telles que l’économie, l’histoire, la biologie, l’anthropologie. C’est ainsi que les théories keynésiennes ou marxistes de l’économie ont été « purgées » des programmes. C’est ainsi que les catholiques les plus intransigeants ont fait pression pour que la « théorie du genre » ne soit pas présente dans les programmes. La laïcité apprend à ne pas imposer ses idées ; il n’y a pas de réponse toute faite aux différents problèmes qui se posent à l’humanité !

    18. La laïcité admet aussi le droit à l’erreur, car la laïcité est une recherche de la vérité qui n’est jamais absolue. C’est pourquoi la laïcité ne fait pas « bon ménage » avec les « grands prêtres », les « gourous », les « hommes providentiels ».Le corollaire à cela c’est que nul n’est infaillible. C’est la raison pour laquelle les laïques travaillent en collectif, c’est par le débat démocratique que nous pouvons approcher une vérité.

    19. C’est pourquoi, les laïques et le CNAFAL récusent cette nouvelle mode qui consiste à donner la parole sur tous les sujets aux fameux « experts », aux « sachants », aux « hautes autorités », aux agences qui, petit à petit, court-circuitent le peuple, mais aussi les « élus du peuple », et « les corps intermédiaires » de la République, qu’un certain président, il y a quelques mois, a souhaité supprimer  (Prenant acte qu’il avait vidé la République de son contenu) ! Il en est de même des instituts de sondage comme des agences de notation, qui finalement bornent et encadrent les débats comme ils l’entendent, et finalement fabriquent de la prophétie auto-réalisatrice, comme les oracles du temps de l’antiquité grecque.En réalité, cette classe émergente non élue, d’administrateurs, d’économistes, de financiers, est en train de confisquer le pouvoir.

    20. Il en est de même avec la « médiaklature » quand les grands groupes financiers, industriels, possèdent la plupart des organes de la presse écrite et audio-visuelle. La laïcité c’est la loi de séparation des églises et de l’Etat, parce qu’à la fin du XIXème siècle, il fallait briser les pouvoirs dominants de l’époque qui prétendaient régenter la vie privée, la vie publique, la vie spirituelle des français. C’était le règne de l’église catholique.Mais aujourd’hui les pouvoirs dominants sont représentés par la « médiaklature » et les marchés financiers. Là aussi une loi de séparation s’impose qui aille au-delà de la simple régulation.

    21. La laïcité est un principe de régulation politique qui implique le débat, l’examen. Elle est un principe actif qui doit donner du sens ! Dès 1789, les républicains laïques affirment leur « foi » au progrès humain, au progrès de l’humanité, au bonheur.Les laïques croient au progrès dans tous les domaines, et l’humanité ne résout que les problèmes qu’elle se pose, à condition de les poser correctement. La recherche scientifique quelle qu’elle soit doit être libérée de toute influence des groupes de pression, notamment religieux et particulièrement dans le champ des biotechnologies où l’on voit le lobby catholique tenter d’entraver la recherche sur les cellules souches, tout comme dans certaines églises évangéliques la théorie de l’évolution est combattue pour imposer le créationnisme… Tout comme l’approche religieuse d’une nature divinisée « providentialisée » ne fera pas progresser les réels problèmes de la préservation de notre environnement, et de l’écosphère. Tout discours catastrophique, outre qu’il fait le jeu des forces réactionnaires et obscurantistes, s’apparente au fléau de Dieu pour conjurer la peste au Moyen Age…

    22. La laïcité a toujours été identifiée à un projet de société : la République ; leurs liens sont consubstantiels. La République ne peut se contenter d’accorder l’égalité des statuts juridiques de citoyens ou de citoyennes. Elle doit mettre chacun en situation de jouir pleinement de ce statut. Sans quoi la société libre et égale dans ses principes continuera à se diviser en 2 classes : « celles des hommes qui raisonnent et celles des hommes qui croient celle des maîtres et celle des esclaves » (Condorcet) ; cela conduirait, une fois de plus, un petit nombre d’individus éclairés à dominer des masses « acculturées », ou incultes, et qu’on peut manipuler au gré des circonstances. La laïcité n’est pas réservée à une élite et les laïques ne sont pas une avant-garde. C’est pourquoi une république démocratique et sociale doit s’attacher à la réalisation des conditions indispensables à la participation effective des citoyens à la « chose publique ». C’est pourquoi la collectivité doit sans cesse s’attacher à réduire davantage les inégalités des savoirs, et des conditions, afin que le plus grand nombre possible de citoyens puisse faire un usage réel et autonome de ces prérogatives.

    23. L’école est l’instrument essentiel pour « faire la République ». A cet égard il convient de rappeler quelques principes de base :

    • Elle institue le brassage social dans un milieu adogmatique, c’est-à-dire libéré des dogmes et des préjugés,

    Sans autre distinction, chaque élève est accueilli (obligation légale), quels que soient son handicap, son origine, sa couleur, sa nationalité, ses papiers, sa religion.

    • L’école de la réussite n’est pas l’école de la compétition. Réussir, ce n’est pas l’emporter sur les autres, c’est l’emporter d’abord sur soi-même, et la réussite n’est un idéal que s’il sert autrui. Le libéralisme parce qu’il repose sur la compétition et la concurrence (c’est-à-dire la guerre de tous contre tous), apprend à « tuer l’autre », même symboliquement. C’est le contraire du contrat social laïque.

    24. Toute société patriarcale, toute famille patriarcale, est contraire au principe laïque. La constitution du 3 septembre 1791 révolutionne le « droit de la famille » en considérant le mariage comme un contrat civil, et le décret du 8 avril 1791 abolit toutes inégalités entre héritiers : aînés, puinés, distinction par sexe, etc. Le 25 septembre 1792, le divorce est rendu possible, même pour incompatibilité d’humeur, et ce sera d’ailleurs les femmes qui l’utiliseront le plus. Dispositif aboli par Napoléon, il faudra attendre 1884 pour que la possibilité de divorcer soit rétablie avec la loi Naquet, et la loi du 11 juillet 1975 pour commencer à introduire la loi sur le divorce par consentement mutuel. Mais les différents projets de « déjudiciarisation » depuis 2007 du divorce, sont évidemment combattues par les organisations conservatrices, et notamment catholiques. L’UNAF s’est positionnée contre cette évolution. Seul le CNAFAL, parmi les mouvements familiaux, approuve cette évolution. L’Etat dans une société où les hommes et les femmes sont à égalité de droits et de devoirs, n’a pas à inciter au mariage comme la Secrétaire d’Etat à la Famille, Claude Greff, l’a fait sous la pression du lobby catholique.Pour le CNAFAL, tous les types d’unions participent à la vitalité du lien social, y compris le mariage homosexuel.

    25. Les laïques sont pour le droit à l’auto-détermination de chacun en matière de vie sexuelle, de divorce, de contraception, d’avortement, du droit de vivre ou de mourir dans la dignité !

    26. La question sociale dans un monde de plus en plus inégalitaire, dur avec les faibles, et faible à l’égard des forts, se trouve au cœur du problème de l’égalité, notamment par l’égal accès au savoir, à la responsabilité, à la liberté. La démocratie sociale, les droits sociaux, font partie de la question laïque.

    27. Parce que la laïcité porte en elle une exigence universelle, les services publics déclinent les principes laïques. Ils représentent la laïcité en actes, la laïcité au concret. Les missions régaliennes de l’Etat dévolues aux services publics, se doivent d’être laïques et donc d’agir selon les principes de liberté de conscience, d’égalité de traitement et de solidarité. Les services publics, c’est du social condensé, et de la solidarité en actes. Chacun doit contribuer selon ses moyens, à travers l’impôt à condition qu’il soit juste et chacun reçoit ou utilise selon ses besoins et les règles en vigueur.

    28. La laïcité est principe d’indifférence aux différences, et pour un laïque, nul n’a de droits si ces droits ne sont ceux de tous sur toute la terre. Tous les croyants ont le droit d’être « invisibles », s’ils ne portent pas leur religion à la boutonnière. La laïcité n’exclut pas, elle n’est pas contre les croyants, si ceux-ci respectent les lois de la République. Si communautarisme il y a, il profite des faiblesses de la République, et surtout de la manipulation qui consiste à remettre sur le devant de la scène politique, la question religieuse, plutôt que d’évoquer la question sociale, qui à nouveau depuis 30 ans, se pose avec acuité. La société ne peut être une juxtaposition de communautés ou de groupes religieux, culturels, linguistiques, sexistes.

    29. La laïcité est une posture de tous les jours. Elle est l’insurrection permanente de l’esprit, de l’intelligence. L’indignation ne suffit pas, car il faut agir sur les sources de l’aliénation, de l’oppression. La laïcité est mouvement : elle enseigne qu’il n’y a pas de liberté définitivement acquise. Le laïque n’est jamais au repos.

    30. La laïcité est la matrice de toutes les libertés. C’est pourquoi il faut être vigilant par rapport à toutes les tentatives de dénaturation et de captation. Elle est exigence de liberté, et doit être défendue comme telle. Elle porte en elle-même sa propre critique, car elle est la vigie de l’économie moderne ! C’est pourquoi elle n’a pas besoin d’adjectif pour la qualifier.

    Le CNAFAL

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