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La parole aux mouvements familiaux sur la thématique du Plan national du développement associatif

Intervention de Jean-Marie Bonnemayre - Président du CNAFAL. Assemblée générale de l'UNAF du 26 juin 2016

    Tout d’abord, je voudrais souligner que cette réflexion, à l’initiative de la Conférence des mouvements familiaux, lancée il y a 18 mois, s’est effectuée en totale liberté de parole, en pleine concertation avec les mouvements familiaux et organismes associés. Le président de la Conférence doit en être remercié.

    Il est exact que régulièrement depuis 10 ans, les effectifs de l’UNAF, mais aussi des mouvements diminuent. Cela dit, cette crise du militantisme n’est pas propre à l’UNAF ; elle est générale ; il y a une crise de l’engagement collectif, mais aussi politique et syndical… Sans doute, il y a des raisons sociologiques, économiques, les trajets travail-domicile s’allongent de plus en plus  en durée et en kilomètres parcourus,  l’éclatement du travail : temps partiel, fractionné, travail de nuit, travail le dimanche… Il faut ajouter à cela l’entrée de plus en plus tardive des jeunes dans la vie active, la stabilisation des couples qui s’effectue après 30 ans (âge de la première maternité : 30,4 ans). Cela veut dire que dorénavant on a la charge des enfants jusqu’à 55/60 ans… Nous sommes aussi dans une société du loisir… Il reste donc peu de place pour l’engagement militant ! Et l’engagement passe aussi par les réseaux sociaux.

    A cela s’ajoutent de « nouvelles règles du jeu » impactant le fonctionnement des associations : appels d’offres, mise en concurrence, convention d’objectifs et de gestion, baisse des dotations à fois au niveau national et local. Le monde associatif est « prié  de suppléer » le désengagement du secteur public, mais avec la même efficacité et avec moins de moyens ! Bref, nous sommes entrés dans le marché libre et nous sommes priés de rechercher d’autres financements : sponsorings, crowfundings, fondations… Tout cela restreint la liberté d’initiative et d’expression… Le Ministère a demandé à l’UNAF et donc aux mouvements, de s’investir dans la « prévention de la radicalisation ». Mais dans le même temps, nombre de départements se désengagent de la prévention spécialisée, de la prévention sociale, tout court ! Les moyens de la politique de la ville, n’ont cessé de baisser. Est-ce sérieux ? Cela doit nous interroger !

    Pour ce qui concerne l’UNAF, la véritable question qui nous est posée à travers la réflexion lancée depuis 18 mois, c’est : est-ce que la représentation politique des familles est encore pertinente de nos jours, et si oui, comment la rendre évidente, telle est la vraie question ! Formulée ainsi par le CNAFAL.

    Il faut donc respecter la diversité des familles, de toutes les familles. Lorsque le CNAFAL a demandé et obtenu son agrément en 1978, c’est parce que la loi de Juillet 1975 marquait un réel progrès en affichant le pluralisme : l’UNAF est constituée à la fois des mouvements familiaux à caractère général et des UDAF.

    Cette reconnaissance s’est effectuée, après une grave crise, qui a failli faire disparaître l’UNAF entre 1970 et 1972, puisqu’une véritable scission était intervenue ; 4 mouvements familiaux constituaient l’UNOF (Union des Organismes Familiaux). C’est grâce à Roger Burnel, que l’on a cette fameuse loi de 1975. Le CNAFAL s’y réfère souvent, d’une part parce que nous avons toujours considéré, dès notre fondation, qu’il n’y avait pas de familles standard et d’autre part, parce que dans les années 1970, les familles monoparentales n’étaient pas reconnues. C’était un des motifs de la rupture.

    Je me réfère souvent aussi à un passage du rapport devant le Conseil économique et social de 1982, présenté par Roger Burnel, sur la politique familiale. Il y avait une introduction de 4 pages sur l’institution et les mouvements familiaux ; il disait que pour lui, le rôle des mouvements familiaux était similaire à celui des partis politiques au Parlement, à savoir chargés d’animer le débat politique, les débats d’orientation, et ainsi faire vivre la démocratie ! Tout cela pour dire que la crédibilité de l’UNAF, auprès des pouvoirs publics, est à ce prix, dans le respect de la diversité, du pluralisme. Je sais qu’avec Marie-Andrée Blanc cela sera respecté. Car il ne faut pas oublier que nous tous, chaque Français, chaque Française, nous cotisons pour abonder le fonds spécial. Le fonds spécial, ce n’est pas seulement de l’argent public, c’est aussi 0,10% de la CSG que chacun (e) paie et un pourcentage des cotisations sociales. C’est dire que nous agissons et nous devons représenter tous les Française (es) et populations étrangères, c’est dans nos missions !

    Notre crédibilité se joue aussi à travers une bonne connaissance des dossiers, ce qui nous renvoie à la formation, tant dans les UDAF, que pour l’UNAF et l’UNAFOR qui doit être dynamisée. La publication des rapports de l’IGAS et de la Cour des comptes, devrait à l’automne, nous éclairer notamment en matière de contrôle de gestion. Je voudrais également souligner les enjeux de la régionalisation. Certes, on pouvait avant que la décision politique ne soit adoptée, contester ici ou là, les regroupements des nouvelles limites territoriales. Mais aujourd’hui, il faut prendre la mesure que tant avec les nouvelles inter‑communalités, que les nouvelles régions, ce sont les lieux de pouvoir qui bougent et s’ils bougent, nous devons bouger avec ! Car les représentations politiques que nous détenons au niveau local et régional, en sont étroitement dépendantes et si nous « ratons » le coche, il nous sera difficile « de reprendre le terrain perdu »…

    Enfin en conclusion, je voudrais reprendre une formule politique qui avait cours avant la guerre : lorsque le pays réel ne se retrouve pas dans le pays légal, il y a risque de cassure, d’éloignement. C’est ce défi que nous devons relever dans l’institution familiale : assez de sectarisme et d’exclusion. Néanmoins Il y a des progrès : il y a 18 mois, l’UNAF  a agréé nationalement l’APGL, l’Association des Parents Gays et Lesbiens. Ils ont déjà 13 à 15 départements agréés. Nous devons nous en féliciter, car ils renforcent l’institution.

    Lorsqu’il y a des blocages, je ne connais pas d’autre méthode pour les surmonter, qu’un surcroît de démocratie et de pratique démocratique.

    Chaque année, je disais mon mécontentement, parce qu’on nous accordait, nous autres mouvements, 3 minutes par an pour nous exprimer. Aujourd’hui, nous avons triplé notre temps de parole, c’est un progrès ! Il faudra réfléchir à d’autres modalités, collectivement, car nous avons tous intérêt à cette expression plurielle.

    Le CNAFAL

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